Ecrits à l'œuvre #7

8 Octobre 2010 , Rédigé par Annik Publié dans #Ecrits à l'œuvre

Créer pour qui, pour quoi?

Créer pour soi, c'est un monologue. Une manière de parole in petto. Un grommellement, un borborygme. Comme on râle, on bougonne, on fredonne ou on s'emporte. Il n'y a pas de destinataire. C'est un circuit fermé, du cerveau à la main, de la main aux yeux, et ainsi de suite. Une eau sans cesse recyclée. Il n'y a pas d'apport extérieur non plus, pas d'eau fraîche au moulin, pas de poissons attirés par les tourbillons de l'oxygène, pas de barrage, pas de saut, pas de lac. Personne qui s'y baigne non plus, personne pour trouver l'eau douce ou trop fraîche. Pas d'échange.

On ne crée du neuf que s'il y a adresse, alors le borborygme peut se hisser au stade de parole.

Partager cet article

Repost0

Ecrits à l'œuvre #6

Ecrits à l'œuvre #8

Retour à l'accueil

Commenter cet article

eric

11/10/2010 21:55

Annik Ton texte me parle beaucoup.....je traverse ce dur passage sans destinataires.. Merci à toi Eric

Répondre

Annik

11/10/2010 22:09

Bonjour Eric, ravie de te retrouver! Il n'y a pas eu de destinataires car tu n'as pas montré ce que tu faisais, j'imagine… Mais il semble que tu viennes au devant d'eux (les destinataires), c'est plutôt bon signe! Bonne suite à toi…

10/10/2010 13:06

Pour quoi: parce qu'on n'a pas vraiment le choix ou plus exactement car c'est un mode d'expression qui s'impose, une nécéssité d'exister aussi comme ça ( par la pratique artistique j'entends). Par ce fil, on crée donc pour s'exprimer. Donc le pour qui: pour soi avant tout car on existe aussi à travers ces images. Puis pour communiquer avec autrui (parce que s'exprimer pour soi même c'est carrément très ennuyeux). Véhiculer des émotions et trouver des êtres qui les ressentiront de la même manière. Souvent quand je regarde ce que je viens de faire, j'ai l'impression que je n'en suis pas l'auteur. Peut être une part de moi qui est cachée ou que je cache. Et quand j'entends certaines réactions, je suis assez surprise, je regarde l'image sous un autre oeil, je me découvre autre.

Répondre

Annik

10/10/2010 20:01

Merci pour ce riche commentaire, Em! Pour la première partie, c'est exactement ce qui sous-tend ma propre création également. Et c'est vrai aussi que le regard extérieur que l'on porte sur ce qu'on vient de faire nous permet de nous percevoir autrement, par l'idée de l'Autre qui peut nous voir de la sorte.

tilk

09/10/2010 00:31

on écrit on peint pour les traces pour ne pas mourir.... besos tilk

Répondre

Annik

10/10/2010 10:44

Peut-être bien… Et en même temps, si on est dans le présent, on meurt à chaque instant: c'est peut-être aussi pour s'y habituer!